La preuve des heures supplémentaires

Jurisprudence
RH Heures supplémentaires

La charge de la preuve des heures supplémentaires ne peut pas reposer sur le seul salarié. Il incombe à l’employeur d’assurer un suivi du temps de travail du salarié, et en cas de litige, c’est à lui de contester, avec ses propres éléments,...

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Contexte de l'affaire

Un salarié veut obtenir le paiement d'heures supplémentaires, saisit la juridiction prud'homale et produit, à l'appui de sa demande, un rapport établi par un cabinet d'expertise comptable détaillant, mois par mois, les heures supplémentaires revendiquées, sans cependant préciser ses horaires de travail quotidiens et hebdomadaires. 

La cour d’appel le déboute de sa demande au motif que le document n'est pas assez précis et ne permet pas à l'employeur d'y répondre.

La Cour de cassation casse l'arrêt d'appel qui, selon elle, revient à faire peser la charge de la preuve des heures supplémentaires sur le seul salarié. Or, la règle est qu'il incombe à l'employeur d'assurer un suivi fiable du temps de travail et qu'en cas de litige, c'est à lui de contester, avec ses propres éléments, les prétentions du salarié.

En l'espèce, les éléments apportés par le salarié concernant les heures non rémunérées qu'il affirme avoir effectuées, sont, selon la Cour de cassation, suffisamment précis, et c'est donc à l'employeur d'y répondre en produisant ses propres éléments.

Les questions soulevées par le cas

  • Comment prouver les heures supplémentaires en cas de litige ?

  • Sur qui repose la preuve des heures supplémentaires ?

Les points clés de la décision de la Cour de cassation

  • La charge de la preuve doit être répartie de manière équilibrée

L’article L.3171-4 du Code du travail prévoit un principe d’équité selon lequel le salarié doit présenter « des éléments suffisamment précis » quant aux heures qu’il prétend avoir accomplies, et que l’employeur doit y répondre en produisant ses propres éléments.

La charge de la preuve ne peut pas peser exclusivement sur le salarié.

  • Les preuves admissibles

La jurisprudence admet de nombreux documents comme preuves admissibles :

  • Rapport établi par un cabinet d’expertise comptable détaillant, mois par mois, les heures supplémentaires effectuées. (notre cas)
  • Un agenda personnel notant les heures de début et de fin des heures supplémentaires
  • Des notes accompagnées de témoignages
  • un tableau synthétique des heures majorées, appuyé par des emails professionnels
  • l’employeur reste responsable du suivi du temps de travail

La Cour de cassation casse l’arrêt d’appel, car les éléments présentés par le salarié étaient, selon elle, suffisamment précis pour permettre à l’employeur de répondre.

En effet, il incombe à l’employeur d’assurer un suivi fiable du temps de travail et de contester, avec ses propres éléments, les prétentions du salarié.

Le contrôle de la durée du travail est une obligation de l’employeur qui doit mettre en place un système objectif, fiable et accessible permettant de mesurer la durée du temps de travail journalier effectué par chaque travailleur.

Cour de cassation du , pourvoi n°24-11-432

Impact sur l’employeur

Il est essentiel pour l’employeur de se doter d’un système de suivi rigoureux, structuré et bien documenté du temps de travail des salariés (relevés d’heures journaliers/systèmes de badgeuse) et d’archiver tous les justificatifs utiles afin de :

  • répondre efficacement aux réclamations des salariés.
  • produire des preuves claires et documentées
  • se protéger en cas de litige.

Références légales et jurisprudentielles

  • Article L.3171-4 du Code du travail
  • Jurisprudence constante : la preuve des heures travaillées est partagée entre le salarié et l’employeur

Cass.soc. 15.1.2025 n°23-19.046 

 Cass.soc. 17.1.2024, n°22-20.193

Conclusion

Selon une jurisprudence constante, la Cour de cassation rappelle que l’obligation de preuve des heures travaillées revient à la fois au salarié et à l’employeur et que cette preuve des heures supplémentaires doit être partagée entre le salarié et l’employeur de façon équilibrée.