DPAE : une obligation impérative et personnelle de l’employeur

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Droit du travail URSSAF

La déclaration préalable à l’embauche (DPAE) constitue une formalité incontournable pour tout employeur, quel que soit le type ou la durée du contrat de travail envisagé.

DPAE : une obligation impérative et personnelle de l’employeur
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Elle doit être réalisée avant toute prise de poste effective, sous peine de sanctions civiles, administratives et pénales. Cette obligation repose exclusivement sur l’employeur, qui ne peut s’en exonérer en invoquant la négligence d’un tiers.

Le cadre juridique de la DPAE

Conformément aux articles L. 1221-10 et R. 1221-4 du Code du travail, la DPAE doit être transmise à l’URSSAF ou à la MSA au plus tôt dans les huit jours précédant l’embauche, et impérativement avant que le salarié ne commence à travailler.

L’article L. 8221-5 du Code du travail qualifie de travail dissimulé par dissimulation d’emploi salarié le fait, pour un employeur, de se soustraire intentionnellement à cette formalité. Il suffit que la DPAE ne soit pas effectuée dans le délai imparti pour que l’infraction soit constituée, sans qu’il soit nécessaire de démontrer une volonté frauduleuse.

Illustration jurisprudentielle : l’affaire du restaurateur

Dans une affaire jugée par la Cour d’appel de Douai le 16 avril 2018, confirmée par la Cour de cassation (Cass. crim., 7 mai 2019, n° 18-83.552), un restaurateur avait omis de déclarer trois salariés intérimaires. Bien qu’il ait régularisé les DPAE après le contrôle de l’inspection du travail, il fut condamné pour travail dissimulé.

L’employeur invoquait une erreur de son cabinet comptable, auquel il aurait transmis les documents nécessaires. Toutefois, il ne produisait aucune preuve de cet envoi ni de l’absence du comptable. Les juges ont relevé que l’employeur avait effectué 120 DPAE dans les 18 mois précédents, y compris pour les salariés concernés, démontrant sa connaissance de la procédure.

La Cour de cassation confirme que l’obligation de déclaration pèse exclusivement sur l’employeur. Ce dernier ne peut se décharger de sa responsabilité sur un tiers, même s’il s’agit d’un professionnel mandaté.

Sanctions encourues

Le non-respect de la DPAE expose l’employeur à des :

  • Sanctions civiles : régularisation des cotisations sociales dues ;
  • Sanctions administratives : pénalités financières ;
  • Sanctions pénales : jusqu’à 3 ans d’emprisonnement et 45 000 € d’amende en cas de travail dissimulé (C. trav., art. L. 8224-1).

La régularisation postérieure à la prise de poste ne permet pas d’échapper à la qualification de travail dissimulé.

Recommandations pour les employeurs et les RH

Pour sécuriser leurs pratiques, les employeurs doivent :

  • Anticiper la DPAE dès la décision d’embauche ;
  • Mettre en place des procédures internes de vérification ;
  • Ne jamais déléguer cette formalité sans contrôle ;
  • Conserver les preuves de transmission et d’accusé de réception.

La DPAE est un acte simple mais juridiquement lourd de conséquences. Elle matérialise l’entrée dans la relation de travail et garantit la protection sociale du salarié.