Richesse sous exploitée des seniors
En France, le taux d’activité des seniors chute fortement dès 53 ans. Si le pays a rattrapé une partie de son retard pour les 55-59 ans, il reste très en deçà pour les 60-64 ans, avec seulement 35 % en emploi contre 61 % en Allemagne.
Ce recul s’explique notamment par des stéréotypes tenaces : l’âge est la première discrimination au travail, malgré la valeur reconnue de l’expérience. L’accès à la formation diminue après 55 ans, et les seniors sont trois fois moins rappelés pour un entretien, restant plus longtemps au chômage.
Dans un contexte de transition démographique (baisse de natalité, allongement de la vie active), la mobilisation des compétences des plus de 50 ans est un enjeu crucial pour les entreprises, la société et les finances publiques.
Nouveaux dispositifs ?
En juin, le gouvernement présentera au Parlement un projet de loi visant à transposer les accords nationaux interprofessionnels (ANI) conclus en novembre 2024 par les partenaires sociaux.
Parmi eux, figure un accord central consacré aux dispositifs destinés à encourager le retour à l’emploi ou le maintien en poste des salariés seniors et expérimentés, en mobilisant des outils adaptés aux enjeux de la seconde partie de carrière dont voici les mesures principales :
- Création du « contrat de valorisation de l’expérience » : ce nouveau CDI réservé aux chômeurs de plus de 60 ans offrira une visibilité sur la date de départ en retraite. Il pourrait inclure des aménagements de rémunération ou de cotisations.
- Guide de bon pratique du recrutement : Diffusé fin mai, il vise à favoriser l’emploi des séniors
- Retraite progressive accessible dès 60 ans : L’âge d’ouverture de la retraite progressive sera abaissé de 62 à 60 ans . Ce dispositif permettrait aux salariés de réduire leur activité tout en percevant une partie de leur pension. En complément, des mesures favoriseront le recours au temps partiel en fin de carrière, en sécurisant les droits sociaux et en facilitant l’adaptation des conditions de travail.
- Entretien de mi-carrière : Celui-ci sera enrichi, intégrant désormais un volet sur l’évaluation des compétences en complément du volet santé.
- Renforcement des obligations de négociation : Au niveau des branches professionnelles et des entreprises concernant le maintien en emploi des salariés seniors, des négociations porteront sur l’identification des leviers à mobiliser pour favoriser la poursuite ou la reprise d’activité après 50 ans, comme l’aménagement des fins de carrière, la montée en compétences, l’accès à la formation continue ou encore l’adaptation des conditions de travail. L’objectif est d’inscrire la question de l’emploi des travailleurs expérimentés dans le dialogue social, afin d’anticiper les parcours professionnels et de sécuriser les trajectoires en seconde partie de carrière.