En créant le délit d’homicide routier, la loi du 9 juillet 2025 introduit une nouvelle qualification juridique pour les accidents mortels causés par des comportements délibérément dangereux au volant. Mais au-delà de son impact pénal, cette réforme soulève des enjeux majeurs pour le droit du travail et la gestion des ressources humaines en entreprise.
Les nouveautés introduites par la loi :
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Création d’un délit autonome d’homicide routier, distinct de l’homicide involontaire.
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Sanctions renforcées : jusqu’à 10 ans de prison et 150 000 € d’amende en cas de circonstances aggravantes (alcool, stupéfiants, excès de vitesse, usage du téléphone, etc.).
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Instauration du délit de blessures routières, avec des peines graduées selon la durée de l’incapacité totale de travail (ITT).
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Peines complémentaires : annulation du permis, interdiction d’exercer certaines fonctions, confiscation du véhicule, etc.
- Suspension administrative du permis de conduire qui devient obligatoire en cas de conduite sous alcool ou après usage de stupéfiants.
- Immobilisation du véhicule et sa mise en fourrière administrative devient systématique en cas de conduite combinée alcool et stupéfiant.
- Contrôle médical de l'aptitude à la conduite après un accident mortel ou corporel de la circulation, avec un mécanisme de rétention du permis de conduire tant que le conducteur concerné ne se sera pas soumis à l'examen.
Les impacts sur le droit du travail :
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Qualification des accidents de trajet
- Un accident causé par un salarié dans le cadre d’un trajet domicile-travail peut désormais relever d’un délit pénal spécifique.
- Cela modifie la perception juridique de la faute : un homicide routier commis par un salarié pourrait être considéré comme une faute grave, voire faute lourde, justifiant un licenciement sans préavis ni indemnité.
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Responsabilité de l’employeur
- Si l’infraction est commise avec un véhicule de fonction ou dans le cadre d’une mission, l’entreprise pourrait être mise en cause pour manquement à son obligation de sécurité.
- Les employeurs doivent renforcer les politiques internes de prévention routière, notamment pour les salariés itinérants ou conducteurs professionnels.
Les conséquences RH et managériales :
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Prévention renforcée : mise en place de formations obligatoires à la sécurité routière, sensibilisation aux risques liés à l’usage du téléphone ou aux substances psychoactives.
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Politique disciplinaire : révision des chartes de conduite, clauses spécifiques dans les contrats de travail ou règlements intérieurs.
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Suivi médical et psychologique : accompagnement des salariés impliqués dans des accidents graves, y compris en cas de poursuites judiciaires.
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Réputation et image employeur : une entreprise impliquée dans un drame routier peut subir un impact médiatique et social important.
La loi du 9 juillet 2025 ne se contente pas de punir : elle invite à une réflexion collective sur les comportements routiers et leur impact professionnel. Pour les entreprises, elle impose une vigilance accrue et une adaptation des pratiques RH à une réalité juridique plus exigeante.
Loi n° 2025-622 du 9 juillet 2025 créant l'homicide routier et visant à lutter contre la violence routière.
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