Coronavirus et télétravail : l’INRS émet des recommandations pour protéger la santé des salariés

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Dans le contexte actuel de confinement, le télétravail devient la règle pour tous les postes qui le permettent. L’INRS a présenté ses recommandations afin de protéger la santé des télétravailleurs.

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Cet article a été publié il y a 4 ans, il est donc possible qu'il ne soit plus à jour.

Il est important pour leur santé et leur sécurité que les salariés soient informés des mesures à adopter pour maîtriser les risques auxquels ils sont exposés en télétravail, notamment du fait de :

  • Leur environnement de travail à domicile : pas d'espace dédié au domicile, bureau inadapté au travail informatique, non-conformité éventuelle du matériel informatique ;
  • Et de la dimension psychosociale : nécessité de gérer l'autonomie et l'organisation personnelle du travail, de gérer l'organisation du temps et la charge de travail, non maitrise des différents outils informatiques et de communication, difficultés à établir des limites nettes entre les sphères professionnelle et privée notamment en raison de la présence des enfants au domicile par fermeture des écoles, isolement du salarié au domicile et limitation des interactions sociales qui peuvent être à l'origine de stress ou encore de la pratique de conduites inadaptées comme les addictions par exemple.

Conditions particulières du télétravail en période d’épidémie

Le télétravail mis en place dans le cadre de l’épidémie de COVID-19 se différencie du télétravail régulier déjà en œuvre dans les entreprises pour plusieurs raisons :

  • Il s’agit d’un télétravail « imposé » dont la décision de mise en place a souvent été très rapide, pratiquement sans préavis ;
  • Ce télétravail est effectué à temps plein, sans période régulière de retour au bureau ;
  • Il se pratique nécessairement à domicile ou à celui d’un proche, l’accès aux espaces de coworking et autres « tiers-lieux » n’étant plus possible ;
  • Il se pratique pour la plupart dans un environnement familial particulier : conjoint également en télétravail, enfants à la maison suivant leurs cours à distance…

Recommandations pour l’aménagement du poste de travail

Il convient de recommander aux salariés de :

  • Définir, dans la mesure du possible, un espace de travail dédié (au mieux dans une pièce isolée) afin de ne pas être dérangé.
  • D’aménager son poste de travail de manière à être bien installé.

Recommandations pour l’organisation du travail

Il est également important de recommander aux salariés d’organiser leur travail :

  • Se fixer des horaires : le plus simple est de garder le même rythme que celui pratiqué dans l’entreprise en se fixant l'heure de début et de fin et en prévoyant l'horaire de sa pause déjeuner, par exemple en indiquant les horaires dans le texte de signature de la messagerie électronique.
  • S’octroyer des pauses régulières afin de réaliser des pauses visuelles et d'éviter de maintenir une posture assise trop longtemps (pauses de cinq minutes toutes les heures).
  • Anticiper et planifier sa charge de travail sur la semaine pour organiser les travaux à faire selon les priorités, le temps nécessaire. Des points réguliers avec le manager sont par ailleurs nécessaires pour aider à la gestion des priorités du travail.
  • Renseigner, lorsque l’outil le permet, son statut sur l’outil informatique : occupé, si par exemple vous travaillez sur un rapport qui nécessite de la concentration, absent en cas de pause, libre si on peut vous contacter.
  • Utiliser tous les outils de communication à distance : mails, tchats, documents partagés, visioconférence, outils de travail collaboratif, agenda partage. Une mise à disposition, par l'employeur, d'un support pour l'aide à l'utilisation des outils d'information et de communication qu’il fournit est indispensable.
  • Garder le contact avec l’équipe :  organiser des réunions téléphoniques ou en visioconférence avec les collègues, des points réguliers avec le manager…

Il est important de conserver un rythme de travail journalier et de garder du lien social, même à distance.

Points de vigilance en période de crise

La mise en œuvre du télétravail dans cette période de crise, par ses caractéristiques, mérite une vigilance accrue, et une attention particulière doit être portée sur les points suivants :

  • Le risque d’isolement 

Déjà présent pour le télétravail régulier, ce risque est renforcé dans la situation exceptionnelle actuelle.

Le confinement général d’une part, le fait de ne plus aller sur le lieu de travail et d’y retrouver les collègues d’autre part rendent ce risque plus prégnant.

Les potentielles difficultés matérielles rencontrées par certains avec les technologies de la communication et le caractère anxiogène de la situation ambiante aggravent les effets de ce risque.

  • Le risque lié à l’hyper-connexion au travail 

Du fait de la généralisation du télétravail on a pu voir une explosion des sollicitations par mail, la création de nombreux groupes d’échanges, des audioconférences permanentes qui peuvent mettre en difficultés le télétravailleur.

S’y ajoute le besoin de se rendre utile, de ne pas se faire oublier…

  • La gestion de l’autonomie 

Là aussi, le fait de pratiquer un télétravail à temps complet risque d’aggraver les difficultés que peuvent rencontrer certains salariés sur leur organisation personnelle.

C’est notamment vrai pour ceux qui ne disposent d’aucune expérience du télétravail et pour qui c’est une nouveauté, mais également pour ceux qui sont moins familiers des technologies de la communication.

  • L’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle 

En télétravail régulier, le salarié a normalement pris ses dispositions pour avoir les meilleures conditions de travail (choix de jours de télétravail et de plages horaires lui permettant d’être seul à domicile, aménagement d’un espace de travail spécifique…).

En situation de confinement, il partage son espace avec sa famille elle-même confinée, avec des charges familiales chronophages (garde d’enfant, école à la maison…).

La séparation du temps et de l’espace entre travail et activités privées est totalement bouleversée.

  • Le suivi de l’activité 

Il est probable que le télétravail réalisé dans ces conditions soit moins productif que le télétravail régulier, situation qui risque de s’accroître avec la durée du confinement.

Le suivi de l’activité doit alors s’adapter à ces conditions particulières.

  • Le rôle des managers de proximité 

Comme l’organisation de l’équipe, le rôle du manager est profondément et subitement modifié, alors qu’il éprouve lui-même des difficultés similaires à celles des salariés qu’il encadre.

  • Le maintien du collectif 

Il repose pour le télétravailleur sur les possibilités offertes par la technologie et les « rites » organisés par la hiérarchie.

Mais le télétravail en cette période de confinement accentue au sein des entreprises la différence de fonctionnement entre salariés pouvant télétravailler du fait de leur activité et ceux qui ne le peuvent pas, exclus pour partie des moyens technologiques mis à disposition des télétravailleurs.

Cette différence d’organisation peut peser à terme sur le sens du travail et la cohésion du collectif.

  • La prévention du risque sédentaire

En période de confinement, le télétravail risque d’accroitre le temps passé en comportement sédentaire et nécessite donc de mettre en œuvre des mesures de prévention adaptées.

Celles-ci visent principalement à limiter le temps passé en posture assise et à introduire régulièrement des temps d’activités physiques, même modérées.

Il est préconisé de

  • Limiter, durant la période de confinement, la posture assise à 7h00 par jour au total et de ne pas rester assis pendant plus de 30 minutes d’affilée.
  • Alterner les tâches pour limiter le temps passé assis devant un écran, certaines tâches pouvant être effectuées debout ou même en marchant. Il est possible par exemple d’alterner temps de travail sur ordinateur avec temps de réunion téléphonique permettant de se lever et de marcher.
  • Mettre en place un aménagement permettant une alternance des postures.
  • S’octroyer des pauses pour rompre la posture assise, en préférant des pauses actives, courtes mais régulières. 
  • Organiser sa journée de travail en se fixant des horaires et en prévoyant l’heure de sa pause déjeuner.

Eviter de grignoter et de manger pendant les heures de travail.  

Prévoir une vraie pause déjeuner, si possible aux mêmes horaires que ceux adoptés en temps normal et des moments pour souffler régulièrement.

Prévoir, à la fin de sa journée de travail, une activité dynamique sans écran (exercices physiques, jeux avec les enfants, bricolage…). Cette activité permet de clôturer sa journée de travail et d’avoir une activité physique plutôt que de retrouver les effets néfastes liés aux écrans (comportement sédentaire, fatigue visuelle, exposition à la lumière bleue, …) induits par certaines activités de détente (télévision, tablette, smartphone, jeux vidéo, …).

  • En complément, il est également important de maintenir une activité physique régulière pendant cette période de confinement. Le Ministère des Sports recommande une pratique minimale d’activités physiques dynamiques correspondant à 30 minutes par jour pour les adultes. Il est aussi conseillé de réaliser plusieurs fois par semaine des activités variées qui renforcent les muscles et améliorent la souplesse et l’équilibre.

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