La prévention des troubles musculo-squelettiques

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RH - Hygiène et sécurité Risques professionnels

Les postures de travail peuvent générer des troubles musculo-squelettiques (TMS).

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En France, les TMS sont la première cause de maladie professionnelle reconnue, soit plus de 87 % des maladies et leur nombre a augmenté de 60 % en 10 ans. Ces pathologies touchent toutes les entreprises et tous les secteurs d’activité et leur origine est le plus souvent multifactorielle.

Les troubles musculo-squelettiques

Les TMS regroupent une quinzaine de maladies qui affectent les muscles, les tendons et les nerfs des membres et de la colonne vertébrale. Ce sont des pathologies multifactorielles à composante professionnelle.

Les TMS s'expriment par de la douleur mais aussi, pour ceux du membre supérieur, par de la raideur, de la maladresse ou une perte de force.

Il est possible de diagnostiquer certains signes avant-coureurs permettant d'appréhender l'apparition des TMS :

  • Une fatigue musculaire localisée et persistante, voire une fatigue nerveuse ;
  • Des picotements ou engourdissements lors d'atteintes nerveuses ;
  • Des courbatures lors de la réalisation d'efforts ;
  • La difficulté à effectuer des efforts réalisables auparavant ;
  • Doigt replié, ou souffrances au niveau des tendons.

Les TMS les plus fréquents sont :

  • Les lombalgies ;
  • Les cervicalgies ;
  • Le syndrome du canal carpien ;
  • Le syndrome de la coiffe des rotateurs à l’épaule ;
  • L’épicondylite latérale du coude ;
  • L’hygroma du genou ;
  • Les tendinopathies.

Les TMS résultent d'un déséquilibre entre les capacités physiques du corps et les sollicitations et contraintes auxquelles il est exposé. Ils peuvent apparaître rapidement. Toutefois, ils s'installent le plus souvent de façon progressive après une longue période de sollicitations intensives des parties du corps atteintes.

Les mesures préventives

L’analyse ergonomique

Pour établir un état des lieux des gestes et postures de travail des salariés, il est nécessaire de procéder à une analyse ergonomique.

Il convient de rechercher les données et indications spécifiques à chaque salarié :

  • Caractéristiques personnelles : âge, sexe, ancienneté, caractéristiques physiques, etc... ;
  • Expérience professionnelle, acquis de formation ;
  • Accidentologie / incidents ;
  • Absentéisme (le taux d'absentéisme peut être un indicateur de la santé des salariés et de leur satisfaction au travail) ;
  • Plainte ;
  • Etc…

Un entretien avec chaque salarié peut ensuite permettre de recueillir son ressenti ainsi que des informations sur le poste de travail à étudier et l'organisation du travail (un questionnaire peut être établi).

Dans le cadre de son poste de travail, le salarié est amené à être sollicité au niveau de différentes zones articulaires. Pour commencer la caractérisation des salariés, il faut identifier les zones articulaires susceptibles d'être sollicitées. Ce travail peut être fait en partenariat avec le médecin du travail. Cette identification permettra de pointer les postures problématiques : sollicitation du dos, des poignets, etc…, et de pouvoir identifier les postes de travail susceptibles de générer des maladies professionnelles :

Zone

Sollicitée

Commentaires et actions à mettre en place

Oui

Non

 

Cervicales

     

Dos

     

Épaules

     

Coudes

     

Poignets

     

Doigts

     

Genoux

     

Chevilles

     

L’étude ergonomique consiste à :

  • Analyser le travail des salariés et l'organisation ainsi que l'aménagement du poste et son environnement : nuisances sonores, vibrations, éclairage, température, etc…
  • Décrire les activités successives que le salarié est amené à effectuer.
  • Adapter les informations à collecter en fonction de la nature des activités et de l'impact qu'elles peuvent avoir.

L’étude ergonomique porte sur :

  • Les dimensions spatiales du poste : taille, espaces de mouvement, distances de sécurité afin d'améliorer l'aisance gestuelle ;
  • Les postures forcées : positions forcées des articulations qui comportent des angles extrêmes des articulations (ex. : le bras au-dessus de la ligne des épaules) ainsi que des postures pénibles, qui même si elles ne sont pas extrêmes engendrent, si elles sont prolongées pendant de longues périodes, des contraintes physiques locales (posture des bras sans appui, maintien prolongé d'une posture accroupie ou le dos penché en avant, etc.) et globales (station statique prolongée) ;
  • Le levage de charges : facteur de pénibilité reconnu par la loi ;
  • Les modes opératoires et les moyens de travail : outils, équipements de travail, etc… ;
  • Les conditions de surveillance et d'entretien des installations ;
  • La formation délivrée au salarié sur l'utilisation des moyens de travail et les moyens de diminuer les risques et la fatigue.

L'environnement « physique » de travail doit également être pris en compte :

  • Mesure de la température de l'air, son déplacement et son humidité, ainsi que de la température des locaux et des installations (atelier, etc...) ;
  • Mesure de l'éclairage, de l'intensité lumineuse afin d'adapter la lumière aux besoins visuels des salariés ;
  • Mesures du niveau de bruit au poste de travail, des champs magnétiques, électriques et de l'électricité statique ;
  • Mesures des vibrations mécaniques transmises aux membres et au corps entier ;
  • Etude de l'encombrement du poste, de l'aisance de circulation, du voisinage immédiat, afin de détecter d'éventuelles situations de « surpopulation » dans une même pièce, voire un même poste.

Cette liste n'est bien entendu pas exhaustive et devra être adaptée en fonction de chaque particularité inhérente au poste mais également au métier du salarié.

Une approche ergonomique renforcée doit être conduite pour les postes industriels et techniques des ateliers qui nécessitent l'expertise d'un ergonome spécialisé maîtrisant les spécificités des métiers concernés.

Pour apprécier si les salariés font le bon geste et ont la bonne posture, il est possible de demander au médecin de travail ou à un ergonome de la CARSAT une aide pour définir une échelle afin de coter les différentes positions des salariés.

Les actions de prévention

Les principales mesures de prévention des TMS se découpent en 4 niveaux :

  • Niveau 1 : la formation des salariés aux gestes et postures adaptés aux tâches qui leur sont confiées. Cette formation peut être associée à la formation à la sécurité obligatoire pour tous les salariés ;
  • Niveau 2 : le suivi médical des salariés en vue de détecter les premiers symptômes précoces de TMS ;
  • Niveau 3 : l'amélioration des conditions de travail :

la limitation du travail répétitif par la rotation des postes,
l'enrichissement et l'élargissement des tâches, les postures et les gestes sont alors plus variés, chacun d'eux étant moins fréquent, 
l'augmentation de l'autonomie des opérateurs entre eux et vis-à-vis du système technique (cadences),
la transformation des postes de travail ;

  • Niveau 4 : une évaluation des risques professionnels mise à jour régulièrement en tenant compte du suivi des accidents et incidents pour examiner en quoi l'organisation du travail ou les équipements utilisés en sont responsables.

Exemples d'aménagement des postes de travail :

  • Mettre en place des équipements permettant d'améliorer les postures : plates-formes à roulettes, chariots de confort, repose-genoux et protège-genoux (EPI), etc… ;
  • Cibler l'aménagement des postes de travail en hauteur : plates-formes d'élévation mobiles, échafaudages, aménagement des hauteurs de plancher ;
  • Choisir des outils et des plates-formes de travail permettant de limiter les postures bras levés ou dos courbé.

Exemples d’aménagement de l'organisation du travail :

  • Développer la polyvalence des salariés afin d'éviter la répétition des tâches induisant des postures pénibles et pouvoir organiser plus facilement un système de rotation ;
  • Aménager la durée et le rythme de travail de manière à ce que les postures les plus difficiles soient limitées en temps et réparties de manière à en éviter la concentration ;
  • Eviter le travail en espace restreint ;
  • Aménager les accès, la circulation afin de favoriser l'accès aux zones de stockage et les rapprocher des zones de travail pour éviter les longues distances ;
  • Organiser des pauses et obliger les salariés à les respecter ;
  • Développer la formation des salariés aux modes opératoires, gestes et postures : comment placer la colonne vertébrale, se placer sur un appui stable, utiliser la force des cuisses, etc…

A noter : La CARSAT propose des aides aux entreprises de moins de 50 salariés contre les risques liés aux TMS :

  • l'aide au diagnostic « TMS Pros Diagnostic » ;
  • l'aide « TMS Pros Action ».

Renseignements : service prévention de la CARSAT.

Références

Code du travail : Articles L 4121-1, R 4225-1

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